Les centrales nucléaires françaises ont une durée de vie limitée à 40 ans ?
« Les centrales nucléaires françaises ont une durée de vie limitée à 40 ans. Les utiliser au-delà c’est dangereux. » Vraiment ?
❌ Non, toujours pas.
Ce mardi 19 octobre, sur une chaîne à grande audience, Jean-Luc Mélenchon, un candidat à la présidentielle partisan d’un abandon rapide du nucléaire a – de nouveau – brandi ce lieu commun selon lequel le dépassement de la durée de vie supposée des centrales poserait un problème de sécurité.
Tristan Kamin, ingénieur sûreté et administrateur des Voix, est revenu pour Marianne sur cette vieille idée reçue.
Cette limite d’âge de 40 ans n’existe pas.
Personne n’a jamais déterminé de limite d’âge quand le parc nucléaire français a été construit. Les réacteurs du parc actuel dérivent d’une technologie américaine, dont l’autorisation administrative d’exploitation US d’une durée de 40 ans a été choisie à l’origine pour coller à la garantie industrielle des constructeurs des premières chaudières.
Ces 40 ans ne sont qu’un jalon de contrôle aux États-Unis : la loi sur l’énergie nucléaire permet deux prolongations de 20 ans basées sur un contrôle exhaustif de la centrale.
En France nous avons un système de visites décennales, qui consiste à vérifier le vieillissement de la centrale, et donc à modifier ou remplacer ce qui doit l’être, et la conformité avec la réglementation en vigueur. Or les risques sont mieux identifiés, le vieillissement des matériaux mieux compris, les procédures améliorées, etc.
Avec ces mises à jour, la sécurité des centrales augmente tous les dix ans.
Les centrales ont été conçues avec des marges très importantes. La marge de sécurité on ne la touche pas, on l’augmente même. Un autre paramètre sont les marges tenant compte des incertitudes de calcul au moment de la conception des centrales. Entre l’informatique des années 60 et les simulations d’aujourd’hui ces incertitudes ont été considérablement réduites, donnant plus de marges aujourd’hui.
La plupart des équipements se changent dans une centrale.
En revanche il y a un moment où le changement des composants va peut-être coûter plus cher que l’arrêt de la centrale. C’est déjà arrivé aux États-Unis et au Royaume-Uni, mais en France la question de la rentabilité d’une centrale ne s’est encore jamais posée. Elle se posera peut-être à l’approche des 50 ans, lorsqu’il sera question d’une nouvelle prolongation de dix ans. La règle aux USA, c’est déjà 60 ans.