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Tour d’Europe des politiques nucléaires

Trois ans de guerre en Ukraine ont conduit l’UE à changer de fournisseurs, sans pour autant améliorer significativement son taux d’indépendance énergétique (41,8%, selon les dernières données publiées par Eurostat (2023) par rapport à 39,5% en 2019).
Malgré les efforts et les sacrifices, ceux-ci essentiellement ukrainiens, les progrès que nous avons accomplis en la matière sont… dérisoires. 2,3% en 4 ans, autant dire : rien.

Pourtant s’est ajouté le clear and present danger de la menace physique extérieure, à la existential threat déjà existante de la menace climatique.

Il faut inlassablement rappeler que les seules sources d’énergie indépendantes des grandes puissances que sont la Russie, la Chine et les Etats-Unis, dont nous disposons aujourd’hui, sont le nucléaire et l’hydroélectricité. Les seules.

L’Union européenne est un collectif, sur cette question plus encore que sur toutes les autres. Alors que la Commission semble enfin chercher à doter le continent des outils de sa souveraineté, la question qui se pose aujourd’hui est la suivante: que faisons-nous pour nous affranchir de cette dépendance à ceux qui très explicitement nous menacent? Que faisons-nous pour nous-mêmes et que faisons-nous les uns pour les autres?

 


  Myrto TRIPATHI
  Présidente des Voix du Nucléaire

Alors que le continent européen prend conscience des conséquences de sa dépendance énergétique, ainsi que des limites physiques des paris technologiques sur les ENR ou le stockage, la relance du nucléaire est de plus en plus soutenue au sein du continent. 22% de l’électricité européenne est aujourd’hui nucléaire, mais avec une dynamique d’électrification et de décarbonation, la puissance nucléaire installée est appelée à se développer fortement.

Selon la collecte inédite des sondages d’opinion que nous avons menée, 62,8% des européens, soit 280 millions de personnes soutiennent l’énergie nucléaire dans la seule Union Européenne.

Mais les écarts restent considérables entre des pays n’ayant jamais eu recours au nucléaire, des pays ayant cessé d’exploiter cette énergie et des pays qui souhaitent relancer ou développer leur production, avec des technologies existantes ou des SMR. 

Afin d’y voir plus clair, nous vous proposons ce tour d’horizon quasi-exhaustif de la situation du nucléaire dans les différents pays d’Europe, sans se limiter à l’Union Européenne au sens strict. 

⚛️ Ce logo marque les pays membres de l’Alliance européenne du nucléaire, lancée en 2023

🔴 🟠 🟢 Les bulles indiquent l’orientation des politiques publiques vis à vis du nucléaire. Quand c’est vert, c’est pro-nucléaire!

🇩🇪 Allemagne    Politiques publiques 🔴    Opinion  67,8% favorables
La décision politique d’arrêt de la production nucléaire, achevée en 2023, conjuguée aux effets de la fin de l’importation du gaz russe, met à mal la compétitivité du pays et la tenue de ses objectifs climatiques. Le nucléaire revient dans le débat politique, mais le redémarrage des réacteurs existants semble compromis. L’intérêt affiché pour les SMR, la IVe génération ou la fusion est encore loin de se traduire par des projets concrets.  Le probable prochain chancelier, Friedrich Merz, a ainsi qualifié la sortie du nucléaire de «grave erreur stratégique». Même si les élections du 23 février semblent permettre un accord CDU/CSU avec le seul SPD sortant, sans les Grunen, un accord politique autour d’un retour du nucléaire sera difficile sans une pression venant de la société civile. Les Voix se préparent pour ramener le sujet dans le débat public allemand, et ce urgemment.

🇦🇹 Autriche    Politiques publiques 🔴    Opinion  22% favorables
Depuis l’abandon de son programme nucléaire suite à un référendum de 1978 (avant même Three Mile Island!), l’Autriche a un positionnement très opposé à l’atome, en cohérence avec son opinion publique. Le pays fait partie des plus activistes, au sein des institutions européennes comme sur le terrain judiciaire, pour s’opposer à l’industrie nucléaire. Plusieurs organisations antinucléaires en Europe sont financées sur le budget de l’état.
Au rang des curiosités, le pays héberge la centrale de Zwentendorf, construite mais jamais mise en service, et qui peut donc être intégralement visitée, jusqu’au plus près de son réacteur à eau bouillante. Elle sert même ainsi à la formation des opérateurs nucléaires d’autres pays!

🇧🇪 Belgique    Politiques publiques 🟠     Opinion  73% favorables
Trois réacteurs doivent toujours fermer en 2025. Doel 1 a cessé sa production le 14 février et il sera suivi par son jumeau Doel 2 (445MW chacun) ainsi que par les 962MW de Tihange 1 en octobre.  Un accord a été trouvé entre Engie et l’état Belge pour prolonger deux des sept réacteurs du royaume jusqu’en 2035. 
La mobilisation pour l’avenir du nucléaire belge se poursuit, avec optimisme et détermination, dans un pays où 73% de la population soutient l’énergie nucléaire et où deux réacteurs de 1000MW ont déjà été définitivement arrêtés. La nouvelle coalition au pouvoir a annoncé en ce début février vouloir prolonger les deux derniers réacteurs jusqu’en 2045, malgré les réticences de l’opérateur Engie, qui souhaite privilégier les énergies renouvelables ou la flexibilité. 
La Belgique souhaite aussi construire un SMR de démonstration de 4e génération, en créant un consortium international. 

Photo: centrale nucléaire de Doel.

🇧🇬 Bulgarie ⚛️    Politiques publiques 🟢      Opinion  66% favorables
Le pays dispose d’une centrale nucléaire, avec deux réacteurs VVER de 1100 MW, qui ont bénéficié d’une augmentation de puissance et d’une suppression des dates d’expiration des licences d’exploitation. La centrale est désormais approvisionnée en combustible par Framatome et Westinghouse, les deux grands industriels occidentaux ayant désormais développé la production de combustible pour les réacteurs à eau pressurisée de conception soviétique, pour mettre fin au monopole du russe Rosatom. Le projet d’une seconde centrale à Belene a été abandonné et les deux réacteurs VVER commandés pour l’équiper viennent d’être vendus à l’Ukraine. La Bulgarie envisage d’étendre la centrale existante de Kozloduy, en bordure du Danube et à proximité de la frontière Roumaine, par la construction de deux réacteurs AP-1000. 

🇩🇰 Danemark     Politiques publiques 🔴      Opinion  55% favorables
Le pays a abandonné la perspective de production nucléaire dès 1985. Symbole des mouvements antinucléaires et grand producteur éolien, le Danemark se distingue aussi par l’émergence de startups qui entendent développer des SMR de IVe génération, à sels fondus. L’opinion est à 55% favorable à l’atome.

Le Danemark, où est né ce célèbre symbole antinucléaire, voit aujourd’hui naître des startups portant des projets de SMR à sels fondus. Et si, après avoir porté un spectaculaire développement de l’éolien, le Danemark inventait la prochaine génération de centrales nucléaires?

🇪🇸 Espagne     Politiques publiques 🔴      Opinion   58% favorables
La fermeture des sept réacteurs de la péninsule, représentant 20% de la production, est toujours prévue entre 2027 et 2035. Des élus locaux et des partis comme le PP ou VOX prennent position, dénonçant « la mesure suicidaire du démantèlement des centrales nucléaires qui condamne l’Espagne à la pénurie d’énergie ». Pour le leader du PP Alberto Nunez Feijoo, premier parti d’opposition, « 21 % du mix énergétique de notre pays est d’origine nucléaire. Soyons prudents, prudents et respectueux de la situation et ne commençons pas à utiliser à nouveau l’idéologie de la substitution radicale du nucléaire et à revenir à l’augmentation des prix de l’énergie. ». Le gouvernement présente la sortie du nucléaire comme une décision économique des opérateurs, omettant de préciser que la production nucléaire est sous pression de taxes, évaluées à 40% par le cabinet PwC, qui anéantissent son avantage compétitif.

Une pétition en ligne appelle à poursuivre l’exploitation de la centrale d’Almaraz, la première à devoir fermer, et une manifestation a eu lieu ce 18 janvier, rassemblant 7000 personnes, pour demander la poursuite d’exploitation de la centrale (photo EFE Extremadura). Le maire socialiste s’est notamment opposé à la sortie du nucléaire négociée par le gouvernement, pourtant de la même couleur politique.

La pression s’accentue à l’échelon national : ce 12 février, une proposition sans valeur législative a été adoptée par le Congrès des députés, contre la majorité gouvernementale, demandant la prolongation de la durée de vie des centrales nucléaires espagnoles.

🇪🇪 Estonie     Politiques publiques 🟠      Opinion   75% favorables
Le petit pays balte, qui n’a jamais été équipé de centrales nucléaires, envisage la construction d’une capacité de production d’environ 300MW, avec une technologie SMR. Le pays développe actuellement le cadre légal devant permettre l’émergence de l’énergie nucléaire.

🇫🇮 Finlande ⚛️    Politiques publiques 🟢      Opinion   61% favorables
Le pays, pionnier de la relance du nucléaire en ayant été le premier à commander un réacteur EPR, totalise désormais cinq réacteurs. La mise en service de l’EPR d’Olkiluoto a eu des effets positifs immédiats sur les prix de l’électricité, elle a largement contribué à la division par six des importations, et à la division par deux des émissions par kWh consommé.
Les deux réacteurs à eau bouillante, voisins de l’EPR, ont fait l’objet d’une augmentation de puissance (890 MWe contre 660 initialement) et d’extension de durée de vie, jusqu’à 70 ou 80 ans, projet qui a fait l’objet d’une évaluation environnementale fin 2024. 
Loviisa a deux réacteurs VVER 440, dont la puissance a été augmentée à 507 MWe, mis en service en 1977 et 1981. Ils sont exploités par Fortum (Olkiluoto par TVO). La prolongation d’exploitation à 70 ans a été décidée après instruction, avec le soutien des Verts finlandais. 
La Finlande a en outre démarré en janvier la construction de son site de stockage géologique profond du combustible usé, sous l’île d’Olkiluoto. Du côté des projets de nouveaux réacteurs, le pays ambitionne de construire des SMR calogènes, notamment pour ses réseaux de chaleur. À noter par ailleurs le projet porté par Fennovoïma à Hanhikivi, pour un VVER 1200 MWe avec Rosatom, projet arrêté pour raisons géopolitiques après l’invasion de l’Ukraine.

🇫🇷 France ⚛️    Politiques publiques 🟢     Opinion  75% favorables
L’objectif fixé par la loi, depuis 2015, « De réduire la part du nucléaire dans la production d’électricité à 50 % à l’horizon 2035 », a été abrogé en 2023. Il devait conduire à la fermeture de 14 réacteurs et a causé la fermeture des deux réacteurs de Fessenheim. La France envisage désormais la prolongation des 56 réacteurs du parc historique, met en service l’EPR de Flamanville et engage un programme de construction de 6 à 14 réacteurs EPR2, développé par EDF. Ces orientations doivent être confirmées par l’adoption d’une nouvelle PPE, par voie réglementaire, d’ici fin mars, après une ultime consultation du public. La décision finale d’investissement pour le premier lot de 6 EPR2 devrait être prise mi-2026.
Par ailleurs, la France se bat contre les injonctions de l’UE en matière d’énergies renouvelables, et plaide pour des objectifs d’énergie bas carbone (principe de neutralité technologique). Les discussions avec l’UE vont également jouer un rôle déterminant dans la capacité à financer les nouvelles centrales. 

🇬🇷 Grèce     Politiques publiques 🟠     Opinion  2,9% favorables
Actuellement dépourvue de production nucléaire, notamment du fait de la sismicité de la région, la Grèce s’intéresse à la perspective offerte par les SMR. Elle est également ouverte aux projets qui conduiraient à importer de l’électricité nucléaire, depuis la Bulgarie ou la Turquie.
Des armateurs grecs sont très mobilisés autour des perspectives de nucléaire maritime, notamment la propulsion nucléaire navale.
Selon notre recensement des sondages d’opinion, la Grèce demeure néanmoins, avec Chypre, un des deux pays à l’opinion la plus hostile au nucléaire (sous les 3% d’opinions favorables).

🇭🇺 Hongrie ⚛️    Politiques publiques 🟢     Opinion  66% favorables
Le pays fait partie des plus nucléarisés du continent, avec plus de 50% de nucléaire dans son mix électrique, produits par 4 réacteurs VVER totalisant près de 2000MWe, et prévus pour une exploitation jusqu’à 70 ans. Le pays doit démarrer en 2025 la construction, avec Rosatom, de deux nouveaux réacteurs VVER de 1200 MWe chacun, pour une livraison en 2032. Cet accord avec la Russie est maintenu, et il a permis d’ouvrir la voie au financement public du nucléaire, car l’investissement de l’état hongrois dans ce projet a été validé par la Commission Européenne, en 2017, moyennant des règles permettant d’éviter ou compenser les effets négatifs sur la concurrence.

🇮🇪 Irlande     Politiques publiques 🔴     Opinion  52% favorables
Sans aucun programme ni historique de production d’énergie nucléaire, l’Irlande est plutôt à ranger du côté des pays antinucléaires. La production nucléaire y est même interdite, mais n’empêche pas le pays de profiter de ses interconnexions avec les voisins nucléarisés, le Royaume-Uni et la France. Certains activistes espèrent voir des projets de SMR arriver sur l’île, qui demeure assez dépendante des énergies fossiles et de la production éolienne. 

🇮🇹 Italie ⚛️ (observateur de l’Alliance européenne du nucléaire)    Politiques publiques 🟠      Opinion  54% favorables
La péninsule n’exploite plus de réacteurs nucléaires depuis 1990, à la suite d’un référendum ayant acté la sortie du nucléaire en 1987. Un second référendum, après l’accident de Fukushima, confirma sans surprise la décision. Malgré cela, l’Italie dispose d’entreprises et de cursus académiques sur le nucléaire qui constituent une base intéressante. La dépendance forte au gaz et les prix élevés de l’électricité qui en résultent poussent néanmoins le gouvernement à envisager la construction de SMR, en s’appuyant sur les acteurs locaux de l’industrie nucléaire, restés actifs pour servir les besoins hors de leurs frontières, ainsi que sur des acteurs nouveaux.

🇱🇻 Lettonie     Politiques publiques 🟠   Opinion  51% favorables
Comme son voisin estonien, la lettonie n’a pas de centrale nucléaire, mais elle envisage la construction de SMR. Néanmoins, ce projet n’est qu’à un stade assez préliminaire et la priorité est actuellement donnée à la sécurité de l’approvisionnement, après la coupure des liens avec la Russie.

🇱🇹 Lituanie     Politiques publiques 🟠
Contrainte à fermer ses deux réacteurs RMBK en 2004 et 2009 dans le cadre de son adhésion à l’Union Européenne, la Lituanie est passée de 70% à 0% de production nucléaire. Depuis un référendum s’opposant à un nouveau projet nucléaire en 2012, la relance du nucléaire se fait attendre, mais elle pourrait revenir dans le cadre d’un accord signé en 2024 avec les Etats-Unis, visant principalement à déployer des SMR. Notons au passage que si l’UE a contraint la Lituanie à abandonner ses RBMK, contre l’avis de la population du pays, il reste en Russie 7 RBMK en activité, ayant bénéficié de quelques modifications. 

🇱🇺 Luxembourg     Politiques publiques 🔴
Actuellement non doté de centrales nucléaires, le Grand-Duché est traditionnellement très opposé à l’atome et manifeste régulièrement son opposition à l’exploitation et à la prolongation de la centrale voisine de Cattenom. Avec l’Allemagne et l’Autriche, et malgré sa petite taille, le pays pèse lourdement en faveur de l’antinucléarisme de la Commission europénne.
Mais les sondages témoignent d’une opinion qui a favorablement évolué et une association locale, Letz Atom, entend mieux informer la population sur l’énergie nucléaire.

🇳🇱 Pays-Bas ⚛️    Politiques publiques 🟢   Opinion   45% favorables
Avec un seul réacteur électrogène en activité, de 482MW, le pays est à ce jour très faiblement nucléarisé (3% du mix électrique). Après avoir abandonné l’idée d’un arrêt rapide de ce réacteur, le pays envisage de construire une capacité de production nucléaire importante, et a signé un accord de coopération avec la France dans cette perspective, tout en travaillant aussi avec Coréens et Américains. Cela ouvre une perspective supplémentaire d’export de réacteurs EPR, ainsi que de construction de SMR, pour remplacer le charbon dans la production d’électricité et de chaleur.

🇵🇱 Pologne ⚛️    Politiques publiques 🟢    Opinion  89,9% favorables
Produisant 70% de son électricité au charbon (déjà mieux que les 95% de 1990!), la Pologne représente une terre de conquête pour les énergies propres. Le soutien de l’opinion publique au développement de l’énergie nucléaire y est considérable, s’établissant à 89,9%.
Une première centrale de trois réacteurs AP-1000 doit voir sa construction débuter en 2026 pour une mise en service en 2033, bénéficiant de 14 milliards d’euros d’investissement de l’état. Les français bpifrance et Sfil assurent le financement à hauteur d’environ 3,5 milliards d’euros, parmi d’autres partenaires internationaux. Ces soutiens publics ont déclenché une enquête, en cours, de la Commission européenne. 
D’autres centrales sont sérieusement envisagées, avec des SMR comme avec des réacteurs de puissance, mais sans projet formellement acté. Des élections prévues en mai pourront avoir un impact sur les orientations.

🇵🇹 Portugal     Politiques publiques 🔴    Opinion  51,7% favorables
N’ayant jamais développé de production d’énergie nucléaire, le Portugal a choisi de baser sa transition sur les énergies renouvelables, bénéficiant d’une géographie favorable. Son empreinte carbone est de ce fait particulièrement erratique, passant de très bas carbone à très carboné selon les conditions météorologiques. Le pays est aujourd’hui opposé à l’atome et pousse l’Espagne à arrêter ses centrales les plus proches. L’opinion, néanmoins, est majoritairement pro-nucléaire.

🇷🇴 Roumanie ⚛️    Politiques publiques 🟢    Opinion  63% favorables
Doté de deux réacteurs CANDU, de 650MWe, à la centrale de Cernavodă, le pays poursuit la construction de deux réacteurs supplémentaires sur le même site, qui a en outre inauguré en 2024 une unité d’extraction du tritium. Le pays devrait, avec le soutien financier des Etats-Unis, construire la première centrale au monde basée sur les SMR de NuScale, sur le site d’une ancienne centrale à charbon. Décision finale d’investissement attendue en 2025.

🇬🇧 Royaume-Uni     Politiques publiques 🟢 
Le seul réacteur à eau pressurisée du pays, Sizewell B doit fermer en 2035, mais un plan d’extension jusqu’en 2055 est porté par l’exploitant EDF Energy. Après plusieurs prolongations, la fermeture des réacteurs AGR (refroidis  au gaz) doit se poursuivre en principe d’ici 2030, mais le parc est susceptible de bénéficier de nouvelles prolongations d’exploitation, notamment dans l’attente du démarrage, en 2030, des EPR d’Hinkley Point. Les futurs projets comportent des SMR ainsi qu’une seconde paire d’EPR à Sizewell, pour laquelle une décision ferme est attendue cette année.

🇷🇸 Serbie     Politiques publiques 🟢
Avec plus de 60% de son électricité provenant du charbon, la Serbie compte sur l’énergie nucléaire, aujourd’hui absente du pays, pour assurer sa transition. Une coopération est engagée avec la France, et le moratoire sur la production nucléaire qui figurait dans la loi a été levé en novembre dernier. Une prochaine newsletter traitera plus particulièrement du sujet des balkans.

🇸🇰 Slovaquie ⚛️    Politiques publiques 🟢   Opinion  69,1% favorables
Avec trois réacteurs VVER produisant plus de 50% de l’électricité nationale, et un quatrième en construction, la Slovaquie fait aussi partie des états européens les plus nucléarisés. Dans l’immédiat, le pays a changé ses fournisseurs de combustibles pour ne plus dépendre de la Russie. Pour l’avenir, la Slovaquie prévoit de décider d’ici deux à trois ans de la construction d’un nouveau réacteur de plus de 1000MW.

🇸🇮 Slovénie ⚛️    Politiques publiques 🟢    Opinion  68,6% favorables 
et 🇭🇷 Croatie ⚛️    Politiques publiques 🟢    Opinion  53,4% favorables
Avec ses deux millions d’habitants, le pays héberge et opère conjointement avec la Croatie voisine, un réacteur pressurisé de 700 MW, prévu pour être opéré jusqu’en 2043. Les deux pays souhaitent construire un à deux réacteurs supplémentaires sur le site slovène, et s’intéressent aux designs de 1000 à 1200MW.  

🇸🇪 Suède ⚛️    Politiques publiques 🟢    Opinion  52% favorables
Le plan de sortie du nucléaire, qui a entraîné la fermeture de six réacteurs entre 1999 et 2020 (et a ultimement conduit à la création des Voix, en faisant ressentir aux membres fondateurs le besoin urgent de lancer une initiative pro-nucléaire sur le terrain citoyen), a été abandonné en 2022, préservant les six réacteurs encore opérationnels. Le pays envisage désormais une importante extension de son parc, les acquisitions de terrains pour de futurs réacteurs ont débuté. 

La centrale de Ringhals (photo) symbolise les évolutions du programme nucléaire suédois : deux réacteurs fermés, deux réacteurs opérationnels, et un projet de SMR.

🇨🇭 Suisse     Politiques publiques 🟠
La loi prévoit un mix sans nucléaire ni fossile en 2035, elle interdit la construction de nouveaux réacteurs, mais aucune fermeture des quatre réacteurs opérationnels n’est planifiée. Les votations proposant une sortie du nucléaire ont toutes été rejetées par la population. La fédération envisage de changer la loi pour permettre la construction de nouveaux réacteurs, afin de tenir l’objectif zéro émission nette en 2050. Une exploitation du potentiel de STEP de ce pays alpin serait par ailleurs particulièrement utile au réseau helvète comme européen.

🇨🇿 Tchéquie ⚛️    Politiques publiques 🟢   Opinion  70% favorables
Avec une forte volonté politique pour construire 4 réacteurs de 1100 à 1200 MW, la Tchéquie entend compléter son parc actuel, composé de 6 réacteurs VVER. Le choix du modèle oppose coréens, américains et français, les premiers ayant pris l’avantage. L’accord avec le coréen KHNP fait l’objet de contestations d’EDF et Westinghouse, pour des questions de concurrence et d’aides d’État. Le pays s’intéresse aussi aux SMR, avec une prise de participation dans la filiale Rolls-Royce SMR, annoncée en octobre dernier.