Les Voix du Nucléaire a organisé un rassemblement le lundi 29 juin 2020 à Paris, devant les locaux de Greenpeace France, pour commémorer 40 ans de production électrique fiable et respectueuse du climat et de l’environnement grâce à la centrale nucléaire de Fessenheim et de son personnel et s’assurer que les bases idéologiques de sa fermeture, par ailleurs techniquement et économiquement injustifiée, soient connues.
L’ONG citoyenne Les Voix du Nucléaire s’est associé, avec d’autres représentants de la société civile, au rassemblement spontané et solidaire qui s’est monté le lundi 29 juin 2020 à Paris, devant les locaux de Greenpeace France, pour :
– Commémorer 40 ans de production électrique fiable et respectueuse du climat et de l’environnement grâce à la centrale nucléaire de Fessenheim et de son personnel;
– S’assurer que les bases idéologiques de sa fermeture, par ailleurs techniquement et économiquement injustifiée, soient connues.
– Le 30 juin, le deuxième réacteur de Fessenheim s’éteindra, entraînant la fermeture de l’ensemble du site de cette pionnière parmi les centrales nucléaires françaises.
Cette source de production très bas carbone, non polluante et rentable, est la victime d’une série de décisions politiques désastreuses, qui ont été dissociées de l’état technique de la centrale et de ses performances par ailleurs exemplaires. Fessenheim 2 rejoindra 15 autres réacteurs qui ont été arrêtés définitivement depuis le début de 2019, 11 autres devant suivre d’ici la fin de 2022 (voir le graphique ci-dessous).
En tout, ce sont 26 sources d’électricité bas carbone qui subiront des fermetures techniquement injustifiées en 3 ans!
Une constante prédomine derrière ces fermetures au niveau mondial: l’intérêt politique qu’elles représentent pour une minorité. Qu’il s’agisse de la nécessité de gagner une majorité électorale, de satisfaire les demandes d’une minorité plus vocale que les autres ou de subir les conséquences de politiques publiques discriminatoires sur le plan des choix technologiques, le nucléaire se trouve arbitrairement pénalisé voire ouvertement ciblé par des postures dogmatiques demandant sa fin.
A l’heure actuelle, l’impact environnemental de la production d’énergie, quelle qu’en soient les sources, n’est pas encore correctement reconnu politiquement ou médiatiquement. Le coût de son empreinte carbone n’est pas pris en compte de manière appropriée et légitime.
Près de la moitié de ces 15 réacteurs nucléaires arrêtés depuis un peu plus d’un an, l’ont été précocement, des décennies avant que leurs fermetures se justifient pour raisons économiques ou de sûreté. Ces fermetures prématurées sont une sérieuse menace pour la sécurité énergétique et la faible empreinte environnementale et climatique de l’économie mondiale, et dorénavant française également avec la fermeture de Fessenheim..
Les Voix du Nucléaire demandent que les faits soient partagés avec tous, que l’effort de décarbonation de notre société soit réel et mené dans le respect de la réalité scientifique et ce dans l’intérêt du plus grand nombre. Nous nous opposons fermement à la destruction de sources d’électricité abondantes qui fonctionnent bien, qui fonctionnent actuellement et potentiellement pour les décennies à venir. Les bénéfices réels de l’énergie nucléaire, et pas seulement ses inconvénients perçus, doivent être inclus dans le débat et pris en compte dans les décisions concernant le mix énergétique.
Transparence, honnêteté intellectuelle et pragmatisme sont les éléments indispensables à un débat démocratique et à des décisions justes prises dans l’intérêt de tous. Les fermetures de Fessenheim et d’autres réacteurs à travers le monde doivent être un signal d’alarme: les intérêts minoritaires et les postures idéologiques doivent être impérativement et rapidement exclus des efforts menés pour lutter contre le réchauffement climatique et la pérennisation raisonnée de nos sociétés dans ce qu’elles ont de meilleur.
Les experts le répètent : l’énergie nucléaire fait parti du socle indispensable sans lequel la décarbonation de la planète ne se fera pas. Si les français doivent malgré tout prendre cette décision, ce doit être en toute connaissance de cause.
Entretien avec Myrto Tripathi,
présidente de l’association
Les Voix du Nucléaire
Que représente pour vous la fermeture de Fessenheim ?
La fermeture de Fessenheim c’est avant tout un désastre écologique. On s’apprête à fermer une source de production d’énergie qui n’émet quasiment pas de CO2. Le nucléaire est en effet l’énergie la plus décarbonée de France et cette centrale va être remplacée par des capacités de production fossiles qui vont émettre dans l’atmosphère entre 6 et 10 millions de tonnes de CO2 par an, des produits toxiques et des particules. Il faut savoir aujourd’hui que les centrales à charbon tuent en Europe plus de 10 000 personnes par an. La fermeture de Fessenheim est donc aussi un désastre sanitaire. Et alors que l’Allemagne se félicite de la fermeture de Fessenheim, elle vient de mettre en service une nouvelle centrale à charbon de plus d’1 GW il y a seulement quelques semaines. L’Europe vient donc réellement de remplacer une source d’électricité décarbonnée par du charbon… Alors que nous venons de traverser des mois de sacrifices collectifs sans précédent, pour des questions sanitaires, nous sommes en train de plonger tête baissée et volontairement dans une situation qui va aggraver la santé des français et des européens. Enfin, la fermeture de Fessenheim, c’est aussi un désastre humain et social avec la perte de 5000 emplois dans un territoire qui va être économiquement dévasté. Et, alors que nous avons besoin au contraire de renforcer et de soutenir le budget de l’Etat dans le cadre d’un plan de relance, cette fermeture va générer des pertes sèches.
Pourquoi dites-vous que le nucléaire est écologique ?
Le nucléaire est écologique pour plusieurs raisons. C’est avant tout l’énergie la plus décarbonée de France : il n’émet quasiment pas de gaz à effet de serre. De plus, son empreinte environnementale est très faible : il a une faible consommation de ressources minérales et métalliques, ainsi qu’une faible emprise au sol, mais a surtout un impact sur la biodiversité parmi les plus réduits de toutes les sources d’énergie auxquelles nous avons accès. Finalement, le nucléaire est écologique car capable de produire l’énergie dont nous avons besoin à toutes les heures de la journée et tous les jours de l’année, sans jamais avoir besoin de recourir à un back-up, c’est-à-dire à des énergies fossiles, gaz ou charbon, qui viendraient compenser sa non-disponibilité.
Pourquoi manifester aujourd’hui (29 juin) devant le siège de Greenpeace France ?
Greenpeace est aujourd’hui l’un des principaux diffuseurs de contre-vérités concernant le nucléaire. C’est à Greenpeace que l’on doit l’idée qu’énergie nucléaire et énergies fossiles posent des dangers similaires pour le climat. C’est à Greenpeace que l’on doit un certain nombre de contre-vérités, comme le fait que le parc nucléaire ne serait pas sûr, qu’il serait soit-disant vieillissant, que les centrales devraient être fermées. Toutes ces affirmations sont fausses et vont à l’encontre de ce que devrait être la place du nucléaire dans la transition énergétique, c’est-à-dire une des solutions majeures pour lutter contre le changement climatique. Le nucléaire est l’énergie la plus décarbonée de France : c’est cela que Greenpeace devrait être en train de répéter sur tous ses canaux de communication, grâce à toute la puissance médiatique dont la multinationale Greenpeace dispose.
Concrètement, qui sont les Voix du Nucléaire ?
Les Voix du Nucléaire est une association citoyenne, entièrement composée de bénévoles qui demandent à pouvoir bénéficier des avantages de l’énergie nucléaire dans leur quotidien. Pour eux, pour leurs enfants et pour les générations à venir. Nous militons pour bénéficier de sources d’énergies capables de fournir de l’électricité décarbonée tout le temps, par tous le temps, quand nous en avons besoin.
Quel est votre objectif ?
L’objectif des Voix du Nucléaire est très simple. Il est de se débarrasser des énergies fossiles afin d’atteindre les objectifs fixés par les accords de Paris, afin de limiter le réchauffement de la planète en dessous de 2°C à la fin du siècle et ne pas atteindre des niveaux de température catastrophiques, pour la planète, pour l’écosystème et pour la biodiversité. Pour cela, il faut impérativement que nous réduisions au maxium toute émission de gaz à effet de serre. Aujourd’hui, électriquement parlant nous savons le faire. Nous le faisons même très bien. La France est l’un des leaders mondiaux dans ce domaine, grâce à notre parc nucléaire. Pour se débarrasser de ses émissions de gaz à effet de serre, le choix de la source d’électricité est un enjeu majeur. Il n’y a pas d’autres choix, pour répondre à cet enjeu et éviter le recours à des énergies fossiles, que de s’appuyer sur des énergies pilotables, concentrées et décarbonées. Nous avons la chance d’en avoir deux répondant à ces impératifs : l’énergie nucléaire et l’énergie hydraulique. C’est le socle sur lequel nous devons baser tous nos développements, qui doivent être complétés et soutenus par des énergies renouvelables. Aujourd’hui, sans nucléaire et sans hydraulique, nous ne pouvons pas assurer un approvisionnement électrique décarbonné et permanent.
Que pensez-vous de la poussée historique des Verts hier aux municipales ?
C’est l’expression d’une attente très forte des français sur les questions d’écologie et de climat. C’est une excellente nouvelle. C’est aussi une responsabilité pour ceux qui sont aujourd’hui les bénéficiaires politiques de cette attente. Il ne faut pas décevoir, et pour ne pas décevoir il faut commencer par dire la vérité et partager toute l’information, pas uniquement celle qui nous arrange. Les écologistes ont plus que jamais la responsabilité de traduire leurs discours de responsabilité environnementale et de justice sociale en prises de positions politiques et en décisions cohérentes. Le recours massif aux énergies renouvelables, sans s’appuyer sur l’énergie nucléaire, sécurise la présence du gaz et pérennise celle du charbon, tout en déstabilisant le réseau électrique et en augmentant les prix de l’électricité et les dépenses de l’État. Pour tester la sincérité environnementale et sociale des élus écologistes, nous les appelons à lutter pour l’écologie et non l’écologisme.
Quelques images du rassemblement du lundi 29 juin à 19h devant les locaux de Greenpeace France (Paris) :