Nucléaire (et gaz) dans la taxonomie de l’UE. Et maintenant ?
Merci à toutes et tous qui ont fait le déplacement à Strasbourg ces 5 et 6 juillet pour soutenir l’intégration du nucléaire dans la taxonomie de l’UE.
Cette taxonomie est imparfaite. Beaucoup de conditions laissant libre court à l’interprétation sont imposées au nucléaire et risquent de limiter son potentiel à se substituer massivement aux énergies fossiles en Europe si elles sont dévoyées. L’intégration du gaz est un crève-cœur. Mais le bilan est objectivement positif.
Il y a encore énormément à faire pour lutter contre les biais idéologiques et rétablir une neutralité technologique dans les politiques publiques françaises et européennes, énormément à faire pour le climat, mais cette validation par le Parlement était une étape fondamentale !
Merci à tous ceux qui nous soutiennent, et à ceux qui ont mené cette bataille à nos côtés. Ce fut très long, et ça ne fait que commencer.
Sur l’inclusion du gaz, on rappellera :
- Qu’elle est le fruit de tractations politiques.
- Que les détracteurs du nucléaire ont manœuvré pour les lier dans le même acte délégué, de manière à pénaliser le nucléaire par association (et qu’ils seront donc juste parvenus à favoriser le gaz).
- Que le gaz est beaucoup moins capitalistique que le nucléaire et n’a donc malheureusement pas besoin d’être dans la taxonomie pour s’épanouir en Europe, et que la meilleure manière de s’en débarrasser est de lui opposer une vraie concurrence bas-carbone dans le champ des énergies pilotables.
Même si le gaz naturel a (malheureusement) fait son entrée dans la Taxonomie, c’est dans des conditions très sévères :
- Il faut que la centrale au gaz concernée émette moins de 100 gCO2/kWh (gaz fossile 400-500 g, charbon environ 1000 g), en ajoutant du biogaz et/ou de la capture et stockage de CO2.
- Une telle centrale représenterait une énorme amélioration si elle venait remplacer une centrale charbon (90% de réduction des émissions), et ne serait pas si loin du photovoltaïque (autour de 30-60 gCO2/kWh).
- Ou, avant 2030, une tolérance à 270 gCO2/kWh, ou 550 kgCO2/kW, ce qui pour une centrale au gaz très efficace signifie un droit de fonctionner 60 jours par an.
- A condition qu’il n’y ait pas d’alternative renouvelables plus rentable. Ce qui signifie que les renouvelables ont la priorité pour réduire la part de gaz au maximum.
- Et il faut que ce gaz vienne remplacer quelque chose de moins bien, que ce remplacement entraîne une réduction des émissions, que la centrale soit convertible à des combustibles non fossiles, et que le pays bénéficiaire se soit engagé à sortir du charbon.
Mais il doit y avoir vérifications de la bonne application de ces conditions, et sanctions financières le cas échéant, sinon c’est la porte ouverte au gaz fossile.
Comme les parlementaires n’auront plus à se chamailler sur le nucléaire, ils pourront s’attacher à surveiller ce qu’il se passe du côté du gaz, et que la réglementation et l’esprit de la réglementation sont bien suivis !