Radiotoxicité des déchets
Quand on vous dit « ces déchets nucléaires resteront radioactifs pendant 100 000 ans ! » Certes oui, mais tout d’abord il est généralement fait allusion aux 3,5% non recyclables du combustible usé, qui représentent 0,2% des volumes de déchets radioactifs en France ; et surtout ils le sont alors beaucoup, beaucoup moins qu’aujourd’hui (graphique).
Même zoomé sur 2000 ans – en bas à gauche – il ne reste déjà plus grand-chose de la radioactivité d’origine.
Chaque ensemble d’un même radionucléide voit sa radioactivité diminuer de manière exponentielle. Dans les déchets nucléaires vitrifiés il y a tout un mélange de radionucléides différents, mais chacun a une courbe de décroissance de ce type, plus ou moins raide selon sa demi-vie – le temps au bout duquel la radioactivité baisse de 50%.
Des exponentielles décroissantes, ça ne peut pas atteindre 0. Donc même dans 1 milliard d’années, la radioactivité de ces matières ne sera pas nulle. Dire que « les déchets restent radioactifs pendant X années » n’apporte en réalité aucune information.
En revanche une exponentielle décroissante décroît – excessivement – vite. Ainsi les déchets vitrifiés perdent 90% de leur radioactivité en 100 ans, 99% en 1 300 ans, 99,9% en 13 000 ans, 99,99% en 91 000 ans.
Donc oui, après 100 000 ans ils sont « toujours radioactifs », mais omettre de dire qu’ils le sont beaucoup, beaucoup moins qu’au début est plus que discutable.
Évidemment la meilleure manière de représenter ces données est en échelle logarithmique (comme en bas à droite), mais cette échelle est souvent mal connue ou mal appréhendée par le grand public.
Source : CEA p.152 (courbe verte 🟢 AM+PF) en changeant juste les axes.
Le CEA exprime la radiotoxicité potentielle en Sievert par TWh d’électricité produite. Mais comme on parle généralement des déchets nucléaires en termes de volume, elle est ici ramenée en Sievert par litre de déchets vitrifiés (conversion utilisée : 0,42 m3 de déchets vitrifiés par TWh d’électricité).
Merci à Tristan Kamin pour le contenu.